Un soir....

Il faisait nuit et les quelques lumières des échopes éclairaient à grand peine l'étroite mais longue ruelle que Angélique traversait pour rejoindre... elle ne savait quoi.
Cela faisait deux jours qu'elle errait dans cette ville, sans bien savoir pourquoi, deux jours qu'elle se trouvait loin de ses semblables.

Angélique, n'avait pourtant rien d'extraodinaire, elle possedait deux jambes, deux bras, un nez, et tout ce qui fait une jeune femme des plus normales, si ce n'est ses yeux, chacun de sa couleur, le gauche jaune et le droit rouge...mais ce détail mis a part... elle resemblait à n'importe quels humains qui passaient devant elle, aucun d'eux en lui adressait de reproches.

*Mais savent ils seulement qu'ils ont devant, un de ceux qui ont jurés de les tuer ?*

La lumière d'une lanterne au dessous de laquelle elle passait à présent semblait donnée des signes de faiblesses. Son flamme ne cessait de facillée, assombrissant encore l'allée.
Celle d'après n'était qu'à plusieurs mètres... et entre les deux, le noir régnait en maître.

Angélique avançait donc, et seul son collier pouvait indiquer sa presence par le tintement de ses grosses sphères oranges qui tintaient à chaque fois qu'elles se touchaient.

L'endroit était vraiment glauque... Si cette ruelle-ci semblait déserte, la précédente contenait plusieurs personnes en mal de sensations... et d'autres personnes encore moins recommandables, qui avaient regardé Angélique d'une telle façon qu'elle avait serré plus fermement encore son arme qu'elle n'avait plus pris la peine de ranger depuis un long moment.

Comme pour se donner du courage, la jeune femme commença à fredonner une comptine, souvenir de son court passage dans l'univers enfantin de son esprit.

"Promenons nous dans les bois,
pendant que le loup n'y est pas"

Sa voix se fit plus basses au fur et à mesure qu'elle pénétrait dans la partie noire de la ruelle, celle qu'aucun réverbère n'éclairait. Au fond, elle savait bien qu'elle pourrait contrer une attaque si jamais elle se trouvait en mauvaise posture, sa maitrise de la Terre ainsi que ses armes lui sufirait amplement, mais elle n'était pas rassurée pour autant.

"Si... le... loup... y... était..."

Il lui sembla percevoir un râle pas bien loin...

"Il... nous...mang... e... rait"

Cette fois, elle était certaine d'avoir entendu une respiration saccadée toute proche d'elle...

« On raconte que le calme précède toujours la tempête… »

Les rues étaient désertes et silencieuses. La nuit noire effrayait les humains dit “normaux” et sorciers et maudits passaient maîtres lorsque la peur s’instaurait. Et c’est pourquoi la jeune fille se promenait tranquillement dans les rues sombres, maîtresse des ténèbres, amoureuse du mal, bien-aimée de la Magie Noire et soupirante de Devon. Mia, humaine ? Laissez la rire. Non, elle était bien plus que ça. Elle était une sorcière, une protégée du dieu le plus puissant qui soit, elle dominait de loin cette calamitée de faiblesse qu’était la race humaine. Elle était forte et froide, puissante mais glacée, de marbre en toute circonstance, n’affichant un sourire qu’en achevant ses victimes. Elle devenait ombre et prenait naissance dans la peur la plus profonde des hommes. Et elle honorait en ce moment un homme, en l’achevant sans douleur. Un peu de pitié dont elle faisait preuve envers l’homme qu’elle avait aimé une nuit. Un peu de poison sur les lèvres et c’en était fait de lui.
« Le Baiser de la Mort ». Une spécialité bien à elle.

Il était mort maintenant. Il était toujours aussi beau. Pour un humain il était vraiment beau. Une petite part d’elle regrettait son meurtre mais elle ne pouvait décemment pas le laisser en vie. Tout de même, elle ne l’abandonnerait pas là. La jeune fille remit sa cape noire sur son corps nu et hissa le cadavre de cet Apollon sur son épaule, hésitant à faire brûler sa dépouille ou à l’enterrer dans un cimetière, comme tout humain. Finalement, elle opta pour l’incinération et se mit en marche afin de regagner le bois où elle pourrait faire un feu assez grand en toute tranquillité.
Un corbeau poussa un croassement sinistre.

« Satine… »

L’oiseau vint se percher sur son épaule libre. Il émit un bruit énigmatique et sa compagne tressaillit. Elle murmura une vague insulte et déposa le corps avec une douceur étonnante. Une femme l’avait repérée avec le cadavre. Evidemment, elle avait compté 1+1 et ne s’était trompée qu’à moitié. Elle était puissante, elle aussi. Elle prônait le bien et la lumière. Mia devait se montrer prudente.
La femme avançait à une lenteur prudente. Mia éclata d’un rire mauvais et se jeta sur sa proie, désireuse d’en finir vite. A sa grande surprise, son adversaire réagit vite. Trop vite. Elle lança un petit poignard dans la direction de la sorcière qui n’eut pas le temps de l’éviter et prit la lame sur le côté droit du bassin. Furieuse, elle dégaina son épée et trancha un bras de la mage qui hurla de douleur. Mia s’approcha, fit tourner nonchalamment son épée dans sa main et planta la lame dans la cuisse. Les cris d’agonie de la femme devinrent halètements. Sa fin était imminente. La jeune sorcière se pencha sur le corps, prête à enfoncer son arme en plein cœur.

Angélique se retourna brusquement, un cri, plus loin et en même temps si près d'elle...il provenait de la rue voisine. Elle hésita un court instant à prendre ses jambes à son cou et détaler vite fait. Mais le deuxième cri qui retentit la renseignant sur sa propriétaire, une jeune femme...elle s'arrêta et scruta l'allée.

"J'y vais ou bien j'y vais pas ?"

Loin d'elle l'envie de se mêler des affaires d'autrui, mais la curiosité que l'accompagnait depuis sa naissance eut finalement raison d'elle. Elle commença à s'aventurer dans la rue sombre. Et le spectacle qui l'attendait fut de taille ! Jamais encore Angélique n'avait vu ce genre de choses, aussi elle resta là, plantée devant ses deux femmes...

Toutefois, quand la jeune fille releva les yeux vers elle, Angélique eut le déclic. Bien qu'humaine cette femme ne méritait pas ce traitement.

*Peuh, si tu la sauves elle mourra de ces blessures, laisse là donc ! Ce n'est qu'une humaine après tout...*

Mais Angélique avait pris sa décision, heureusement qu'elle se trouvait dans une rue et non près d'un port. Elle tendit le bras et utilisa son seul talent un tant soit peu utile, sa maitrise de la terre.

Le sol se mit à se cambrer brutalement, projetant l'agresseur un peu plus loin de sa victime. Angélique s'approcha de la jeune femme, sa respiration était faible, mais au moins elle était là ! Elle releva la tête vers la deuxième femme.

"Je suis navrée de gâcher votre dîner. Mais vous risquez une indigestion"

Repoussée ?! Elle avait été repoussée par la mage ? Mais non ! Elle n’aurait jamais eu la force, elle se vidait de son sang et sa fin était très proche. Alors qui ? Qui avait osé la projeter loin de sa proie ?
Mia essuya autour de ses lèvres charnues le sang qu’elle avait craché en se heurtant au mur et releva la tête vers son agresseur, furieuse. Oh ! Une femme ? Soit, une femme. Ce n’était pas une mage, elle. Il suffisait de regarder Satine qui, bien que méfiante, ne poussait pas ses croassements d’avertissements. Une maudite. Une protégée de Devon. Un semi-sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille qui se releva avec la souplesse d’une panthère.

Je ne comptais pas la manger. La voilà morte, de toute manière… ajouta-t-elle en jetant un coup d’œil au corps de la mage qui avait cessé de se convulser et restait immobile. Je ne suis pas cannibale.

Elle passa sa main sur la plaie, au côté droit de son bassin et lécha nonchalamment le sang qui perlait au bout de ses doigts. La blessure s’était déjà refermée. Le sourire de la sorcière s’élargit mais elle ne s’émue en aucune façon, bien trop habituée à cette cicatrisation rapide, présent offert par Devon. Dommage que cela ne fonctionne que sur les petites plaies…

Mais peut-être voulez-vous vous servir ? lança-t-elle avec un sourire narquois. Je ne vous en empêche pas.

Une fois que plus une goutte de sang ne tâcha ses mains, la jeune fidèle épousseta sa cape noire et ramassa le corps sans vie de son amant avec une infinie délicatesse. Elle le souleva sans efforts apparents, dégagea une mèche de cheveux de son front et voulu partir pour sortir de la ville mais le cadavre de la mage et de… la femme qui l’avait protégée pour des raisons obscures, puisque c’était une Maudite, lui barraient la route. Mia soupira.

Je dois vous laisser, à présent. C’était bien tenté pour sauver la vie de cette mage, mais vous avez réagit trop tard. Navrée. Maintenant pouvez-vous dégager le corps, que je passe ? Demanda-t-elle avec une pointe d’agressivité.