Silence recommandé

Le Lac de Cristal. Selon ses sources, Aelita savait qu'il se trouvait de l'autre côté du port.
Meraquaril était un endroit d'activité constante où on voyait sans cesse passer des promeneurs, des commerçants, des navigateurs et des ivrognes venus s'assainir en prenant un peu d'air marin. On disait que ça rendait les idées claires.

*Mouais...*

Aelita était sceptique quant aux remèdes de grands-mères et aux propriétés bien-faisantes que l'on attribuait à la mer. Après tout, celle-ci provoquait si souvent des naufrages.
La jeune sorcière était assise sur une caisse en bois pourri et observait les faibles ondées de l'eau. Elle était venue ici pour se renseigner sur le pays. Elle aimait connaître chaque région, et avoir des sources dans Syna était utile pour elle et sa chère patrie.
Bien sûr, elle n'était pas originaire des Ténèbres, mais elle y avait vécu toute sa vie, et elle se sentait l'âme d'une Maudite.

Restait maintenant de savoir ce qu'elle allait faire. Elle n'avait plus de tâche fixe, de véritable travail. Personne n'osait lui confier de mission, car elle semblait tellement indépendante qu'on avait peur qu'elle ne termine jamais son travail.
Les gens se fiaient bien trop aux apparences. C'était désolant.
Mais de toutes manières, elle se moquait bien qu'on lui fasse confiance ou pas. Elle-même ne faisait confiance à personne. Pourquoi l'aurait-elle fait? Le monde entier était pourri, aussi pourri que cette caisse en bois sur laquelle elle était assise.

Elle toussa.
Sa tunique noire et rouge n'était pas chaude et elle lui donnait l'air bizarre sur ce quai sombre et puant le poisson, mais elle se moquait toujours de ce qu'on pensait d'elle.
Elle toussa encore une fois. Elle devrait peut-être penser à mieux se couvrir la prochaine fois. Elle détestait le contact des vêtements que vendaient les commerçants de ce port. Elle attendrait.
Alors qu'elle éternuait, elle entendit une dispute éclater derrière elle. Voilà qu'on troublait son silence tant désiré.

Visiblement, un soûlaud avait cherché à emporter du poisson sans payer le marchand et il en résultait une de ces nombreuses bagarres qui arrivent quand les hommes ont bu et sont de mauvaise humeur.
Désintéressée, Aelita se leva, s'approcha, tapota sur l'épaule de l'importun et le pria de payer. Celui-ci la lorgnant d'un air meurtrier, elle résolut de lui mettre un coup de poing au ventre et de le laisser à son sort.
Ce qu'elle fît.

N'accordant pas même un regard au commerçant, elle retourna s'asseoir quand elle sentit une présence derrière elle. Qu'est-ce qu'on lui voulait à présent?
Elle avait corrigé le voleur pour son seul profit, c'est-à-dire, sa tranquilité tant recherchée.

Ingell avait quitté le centre de Nebula. Il avait laissé derrière lui le palais, la jeune femme et son cadeau. Souriant, pour lui même, il se surprit à errer au hasard des ruelles. Ses pas le conduisirent vers l’endroit ou il avait tué l’homme, il l’avait tué pour les beaux yeux d’une jeune femme. Sa galanterie le perdrait mais, i lest vrais qu’il aurait été désolé de rester sur de mauvaises bases avec l’impératrice.
Entrant dans la maison branlante, il remonta jusqu’à l’appartement du mort. Il était toujours à la même place, la face figé en une expression de sombre surprise. Le garçon eut un sourire avant de re-descendre.
La corneille qui le suivait toujours laissa échapper un croassement et tournoya autour de lui avant de tentait de se poser sur son épaule gauche. Inge la chassa, claqua de la langue, énervé et, reprit son chemin, descendant en direction du port. Il faisait un peu frais, du moins, un vent glacial se faufilait entre les gens.
Toujours perdu dans ses pensées, le jeune homme arriva dans le port lui même et, eut alors le loisir de contempler une scène des plus hétéroclites. Une jeune femme qui donnait un coup à un homme dans un état d’ébriété non dissimulé. Souriant, il s’approcha du groupe et, comprit rapidement que l’homme qui venait de se faire agresser, refusait de payer le marchand. Se retournant, il contempla la jeune fille, un sourire suffisant aux lèvres. Une bonne petite fée …
Il se rapprocha d’elle et, put à loisir la contempler. Ses cheveux étaient étranges, volumineux et rose. C’était la première fois qu’il croisait quelqu’un ayant cette teinte … Elle paraissait mince, plutôt petite. Il ne voyait que peu clairement son visage mais, ce qu’elle lui dévoilait laissait transparaître une douce beauté …
Se rapprochant d’elle, par derrière, il posa doucement une main sur son épaule droite et, pencha la tête, laissant les longues mèches de ses cheveux effleurer ses épaules. Il lui murmura, doucement, sans animosité, juste curieux de voir son visage.

« Que fait une jeune fille comme vous, seule au milieu de ses pochtrons … »

Il se redressa et, pivota rapidement, se mettant face à elle.

Quelqu'un avait posé sa main sur l'épaule d'Aelita. Si la jeune sorcière n'avait pas été de si bonne composition, pour une fois, elle aurait attrapé la main de l'étranger et se serait débrouillée pour que l'importun la laisse en paix.
Avec surprise, elle sentit une mèche de cheveux longs tomber sur son épaule gauche, et un souffle d'air chaud lui passa dans la nuque en même temps que l'étranger parlait.

« Que fait une jeune fille comme vous, seule au milieu de ses pochtrons … »

La voix était masculine, les cheveux longs appartenaient donc à un homme. Aelita trouvait que les humains qui se coupaient les cheveux trop courts étaient généralement très désagréables à regarder, mais elle n'adorait pas non plus les hommes qui se prenaient pour des femmes. Du moins était-ce ainsi qu'elle voyait les gens.
Elle n'avait toujours pas répondu à la question de l'homme curieux. Elle devait vraiment être dans un de ses bons jours pour ne pas l'assommer ou le planter là.

Avant qu'elle n'ait le temps de lui sommer de partir et de la laisser tranquille au milieu de ses poltrons, l'étranger pivota rapidement et se retrouva face à elle. Il s'était redressé et la regardait.
Soutenant son regard, Aelita finit par répondre à sa question.

"Les jeunes filles comme moi sont libres d'aller où bon leur semble sans avoir besoin de se justifier auprès d'inconnus trop curieux."

Un sourire sans joie sur les lèvres, elle observa tranquillement l'homme qui l'avait abordée. Sans doute désirait-il l'amadouer pour la voler; dans les parages, c'était une habitude. Ou bien avait-il pensé pouvoir abuser d'une pauvre jeune fille étrange et solitaire. La sorcière était méfiante, mais elle se savait capable de se protéger en cas de besoin.
Physiquement, malgré ses longs cheveux ternes peu soignés, il était plutôt banal. Elle fut étonnée de constater qu'il lui manquait l'oeil gauche. Le tout lui donnait un air mystérieux.
C'est ce qui empêcha Aelita de l'envoyer tout de suite voir ailleurs. Il l'intriguait.

"Je pourrais même vous retourner la question."

Le ton de sa voix était désespérément dépourvu du moindre sentiment. Elle se contenta donc de regarder le jeune homme qui devait avoir plus ou moins son âge.

Ingell sursauta, elle avait les yeux les plus étranges mais, en même temps les plus beaux qui puissent exister. Ils conféraient à son visage une expression de nouveauté, une expression d’étrangeté rare qui lui plaisait pas mal. En bref, elle avait des yeux rouge, mais, d’un rouge sanglant, d’un rouge feux. Oui, il avait l’impression de contempler deux flammes mouvantes. Si l’on ajoutait sa chevelure rosée, l’on obtenait un tableau des plus saisissants et des plus inhabituels. Malheureusement, en la regardant un peu mieux, l’humain s’aperçu qu’elle devait être un peu plus âgé que lui. Deux ou trois ans de plus. Sauf si, bien sûr, elle faisait plus mature pour son âge. Après tout, on ne pouvait rien savoir.
Il soutenait son regard, sans soucis, les coins de ses lèvres relevaient par sa remarque acide mais, malgré tout dénué de tout sentiment. Il se mit à réfléchit. Elle était frêle, ou plutôt mince. Aucune armes n’ornaient son corps, or, malgré cela, elle n’avait pas peur de lui. Un homme, d’apparence peu fiable, qui plus est, un homme n’hésitant pas à la toucher. Cela voulait donc dire qu’il avait affaire à une magicienne. Ou du moins, à quelqu’un doté de quelques pouvoirs magiques. Fronçant le nez, il eut une légère grimace de dégoût. Les magiciens n’apportaient jamais rien de bon.
Se relevant, il la domina de toute sa stature, laissant un sourire des plus moqueurs orner son visage, faisant briller son seul œil d’un éclat malsain. Il finit par se rebaisser et, sur un ton goguenard, commenta.

« Je pourrais être en train de chercher une frêle jeune femme dans ton genre … chercher une proie … »

Se redressant à nouveau, il faillit éclater de rire. Une comparaison venait de s’instaurer en lui. La féline Angelina en duel avec la sombre inconnue. Deux magiciennes, toutes les deux surent d’elles. Or, Angelina, il avait réussi à la berner, qu’en serait-il de la jeune fille assise.

Aelita s'était bien rendue compte que l'étranger l'analysait, et sans doute n'était-il pas un imbécile. Il avait l'air de quelqu'un qui savait ce qu'il faisait, peut-être même avait-il ou allait-il deviner qu'elle était sorcière? La jeune femme percevait dans le demi-regard de l'étranger une lueur qu'elle voyait rarement chez des personnes de son genre.
C'était peut-être étrange, mais elle pensait que cet homme devait être nettement plus intéressant avec un seul oeil plutôt qu'avec deux. C'est ce qui lui conférait cette allure à la fois inquiétante et mystérieuse.

Mais Aelita était loin d'être inquiétée.
Elle était trop plongée dans son propre monde pour commencer à craindre chaque inconnu ou chaque danger.
Le jeune homme se releva, ce qui eut pour effet de faire détourner son regard à la sorcière. Il la regardait d'un air moqueur et malsain, mais il se remit à son niveau et lui parla d'une manière peu polie. Aelita nota que celui-ci avait cessé de la vouvoyer. Ou il faisait semblant d'être un de ces pervers, ou bien il en était vraiment un.
Constatant que ça la décevrait beaucoup que l'étranger soit véritablement un stupide voleur, elle ne répondit pas tout de suite, pesant soigneusement chacun de ses mots.

"Et comme tu me le fais remarquer, je ne suis qu'une frêle jeune femme, une proie. Mais penses-tu que je serais ici si j'étais si fragile?"

Aelita avait pris la liberté de le tutoyer, puisque lui ne s'en privait pas. Et sous-entendre son statut, aussi éloigné de la réalité que possible, ne la dérangeait pas outre-mesure, car elle avait comme l'impression que le jeune homme était plus perspicace qu'il n'en avait l'air.

(Vu que je n'ai pas eu de réponses... => on est en août et le dernier message a été posté en février^^
J'estime que le sujet est clos. Si cela convient à Ingell?
Parce que d'après le règlement, je crois qu'on ne doit poster qu'à un endroit à la fois.)